La Turquie impose de nouvelles limites à la culture du chanvre pour l'exportation de produits médicaux
Dans une démarche stratégique visant à positionner la Turquie comme un acteur clé sur le marché mondial du chanvre médical, les régulateurs turcs ont récemment fixé des limites strictes à la culture du chanvre dans le pays.
Effectives immédiatement, les quotas annuels limitent la superficie de culture à 5 000 mètres carrés et le nombre maximal de plantes à 120 000, spécifiquement destinées à la production d’ingrédients actifs pour des produits médicaux.
Cette initiative reflète les efforts de la Turquie pour gérer la production de chanvre dans un cadre strictement réglementé, en phase avec les tendances de la demande mondiale et les objectifs économiques du pays.
Contexte légal et économique de la culture du chanvre en Turquie
La Turquie entretient une relation longue et complexe avec le cannabis. Fortement enracinée dans une production traditionnelle, la Turquie avait autrefois une industrie florissante de produits à base de cannabis et de haschisch.
Cependant, cette production a été interdite dans les années 1970 sous la pression internationale, notamment des États-Unis.
Depuis, la Turquie est restée prudente dans la réintroduction du chanvre dans son économie. En 2016, le pays a légalisé le chanvre dans 19 provinces à des fins industrielles, mais les producteurs potentiels doivent obtenir des autorisations du ministère de l'Alimentation, de l'Agriculture et de l'Élevage.
Ces permis, valables pour un maximum de trois ans, permettent au gouvernement de maintenir le contrôle sur le développement de l'industrie et d'assurer la conformité.
Nouvelles réglementations : exemptions pour les institutions de recherche
La dernière réglementation inclut des exemptions pour les universités, les institutions de recherche et les organisations bénéficiant de permis spécifiques de recherche délivrés par le ministère de l'Agriculture et des Forêts.
Cette exemption permet aux organismes académiques et scientifiques de mener des activités de recherche et développement sans être soumis aux quotas. En facilitant la R&D, le gouvernement turc cherche à encourager l'innovation dans l'industrie du chanvre, avec des avancées potentielles bénéfiques pour les marchés locaux et internationaux.
Les promesses économiques de la production de chanvre
Le recentrage de la Turquie sur la production de chanvre s'aligne sur sa stratégie économique globale. En 2019, face à un ralentissement économique, le président Recep Tayyip Erdoğan a publiquement soutenu l’expansion de la culture de chanvre pour stimuler la croissance économique et renforcer les opportunités d'exportation.
En se positionnant comme un fournisseur dans le secteur lucratif du chanvre médical, la Turquie espère capitaliser sur l’expansion mondiale projetée du marché industriel du chanvre.
Les analystes du marché prévoient que le marché mondial du chanvre industriel passera d’environ 5,38 milliards USD en 2023 à environ 24,30 milliards USD d'ici 2033, avec un taux de croissance annuel composé (CAGR) de 16,27 %.
Le nouveau quota turc, bien que restrictif, permet au pays d’entrer sur ce marché en forte croissance avec une approche mesurée et durable, équilibrant contrôle national et opportunités économiques.
Défis et opportunités à venir
Bien que le quota limité démontre la prudence de la Turquie dans la réglementation du chanvre, il reflète également son engagement à renouer avec ses racines historiques dans la production de cannabis. Alors que la demande mondiale pour le cannabidiol et d’autres produits à base de chanvre continue de croître, l’approche de la Turquie pourrait servir de modèle à d'autres nations qui cherchent à équilibrer contrôle réglementaire et ambitions économiques.
Les restrictions imposées par les quotas pourraient également encourager des méthodes innovantes pour maximiser les rendements dans les limites fixées, incitant les producteurs turcs à se concentrer sur l’efficacité et la production de haute qualité. Par ailleurs, grâce à l’exemption accordée aux institutions de recherche, de nouvelles avancées en génétique végétale ou en méthodes de culture pourraient aider la Turquie à renforcer encore sa position dans l’industrie.
Perspective personnelle
À mon avis, l’approche de la Turquie reflète une stratégie prudente mais prometteuse. En limitant la culture, elle prévient une croissance rapide et incontrôlée de l’industrie, ce qui pourrait poser des défis réglementaires et entraîner une saturation du marché.
Avec une entrée contrôlée et appuyée par la recherche dans le marché du chanvre, la Turquie a l’opportunité de devenir un acteur respecté et compétitif dans cette industrie mondiale.
En favorisant un environnement bien réglementé et propice à la recherche, la Turquie prend des mesures pour garantir que sa position future sur le marché du chanvre soit durable, équilibrée et alignée sur ses objectifs économiques et de santé publique.
Ce quota peut sembler restrictif pour l’instant, mais il pose les bases d’une croissance substantielle à long terme et d’une collaboration internationale.